
Défi “un livre par mois pendant un an”, c’est parti !
Pour cette première présentation, voici
L’allaitement long expliqué à mon psy, mon généraliste, mon pédiatre, ma voisine…
Agnès Vigouroux
Editions du Hêtre
Quand j’ai su que j’étais enceinte,la question “biberon ou allaitement naturel ?” ne se posait pas, il était évident pour moi que j’offrirais mes nénés à mon bébé.
Mais une question à laquelle je n’avais absolument pas réfléchie était : “je l’allaite combien de temps?”
Les choses se sont faites naturellement. Par chance, l’allaitement s’est bien installé, sans aucun problème… bref : le rêve.
Nous trouvions, mon p’tit gars et moi, un tel bonheur dans ce moment de partage unique que l’idée du sevrage ne m’est pas apparue.
Pourtant, les mois passant, je commence à entendre les interjections étonnées des gens : “Tu l’allaites encore ?!?”
Alors oui, mon p’tit gars a 23 mois et il tète toujours.
Je ne parviens pas à assimiler un truc : on voudrait que j’arrête l’allaitement, mais il faut continuer de donner du lait à mon bébé… alors pourquoi lui refuser mes nénés et lui donner du lait de vache ?
C’est alors que ce livre est arrivé sur ma table de nuit.
Au Menu…
Voici le (très très long) sommaire de ce livre de 193 pages :
Introduction P9
Première partie – Du corps au psychisme : La toute petite enfance P13
Le corps dans le développement de l’enfant p14
Les origines corporelles de la psyché (Spinoza) p14
Les premières expériences du bébé sont corporelles p17
Des soins corporels à la possibilité de penser (Winnicott) p22
Porter son bébé puis son enfant p24
Schéma corporel, image du corps, expérience de plaisir p27
L’allaitement accompagne l’enfant dans le développement d’une sécurité corporelle p30
les sens p30
la vision contenante (Lavallée) p30
l’enveloppe sonore p31
l’enveloppe tactile et thermique p32
De l’enveloppe corporelle aux enveloppes psychiques (Bion) p36
Des barrières de contact p36
Des barrières de contact aux fonctions de contenance p37
Des barrières de contact à l’appareil à penser p38
Les interactions comportementales p38
Les interactions précoces p38
La cavité primaire et l’empreinte p39
Deuxième partie : L’allaitement long accompagne l’autonomisation de l’enfant p41
Et Freud ? p42
Rappel des stades de développement de la sexualité infantile selon Freud p42
Que dit Freud de l’allaitement ? p46
Enjeux économiques, l’allaitement dans une société marchande p49
Le lait : un enjeu commercial de première classe p49
Recommandations officielles p49
Dans les médias : la neutralité mensongère p54
Allaitement dit long : on n’en parle que pour les pays en voie de développement p57
L’allaitement vu comme la source de tous les maux p59
Sur le plan médical p59
Sur le plan du suivi psychologique, psychiatrique et thérapeutique p65
Témoignage d’une relactation : suivre les besoins de son bébé et décider de l’allaiter des mois après sa naissance p71
Un peu de culture sur la réalité de l’allaitement long pour en désexualiser les représentations p82
Le corps vu comme un objet dangereux et impur : origine de ces représentations p82
Lorsque la psychologie sexualise l’allaitement p87
L’allaitement réactiverait chez la mère les stades de développement de sa sexualité infantile p87
L’allaitement oh volupté ! p89
L’allaitement est il un acte sexuel ? p95
Allaitement nocturne et sommeil partagé p97
Pourquoi cesser de s’occuper de son enfant la nuit ? p99
Abandonner son enfant la nuit : une exception culturelle p103
Ah, ces injonctions pour effrayer les parents! p103
Allaiter longtemps contribue-t-il à érotiser la relation avec son enfant? p108
Un accompagnement de l’autonomisation p111
L’allaitement long pour construire sa capacité d’être seul, et constituer son propre espace psychique p111
L’aire transitionnelle (Winnicott) p112
La capacité d’être seul et les recommandations éducatives modernes p115
Vers une aire de jeu (Winnicott) p112
Illusion-désillusionnement (Winnicott) p118
L’objet transitionnel et le doudou p119
Remise en cause de l’objet transitionnel comme nécessité et universalité p121
L’objet transitionnel serait-il un ersatz de la mère dans une culture de maternage distal ? p125
Les pères d’enfants allaités p126
Comment les pères perçoivent-ils l’allaitement ? p126
La place des pères : un rôle à créer, dont ils ont conscience p133
Quand les pères pensent la fin de l’allaitement p134
Ce que les pères pensent du co-allaitement p135
Anecdotes paternelles p136
L’allaitement n’empêche pas la séparation corporelle et l’accès au symbolique, au contraire p137
Le sevrage naturel comme manifestation du “je” ou remise en question de la notion de sevrage imposé comme nécessairement structurant p140
Allaitement long… long comment ? p141
Une discrète réalité p141
Une réalité anthropologique p142
Sevrage et castration p144
Le sevrage naturel n’est pas une absence de sevrage p150
L’ambiguïté sémantique du terme “sevrage” p150
Nul besoin de sevrage pour rencontrer la frustration p151
Les risques d’un sevrage précoce p152
Allaiter longtemps n’est pas un sacrifice maternel ni une réparation p152
L’allaitement long permet le développement d’un sentiment de sécurité p155
Lorsqu’il est prêt, l’enfant se sèvre de lui-même : le meilleur apprentissage de l’autonomisation p158
Pourquoi priver l’enfant de ce qui lui fait du bien ? p158
Et les principaux intéressés de l’allaitement, que disent-ils de leur allaitement ? p161
Notre société en manque de maternage ? p163
L’allaitement garant d’une sécurité affective p164
Violence des conditions de naissance et séparations précoces p166
Une société qui souffre de son manque de maternage p168
Les féministes : entre patriarcat et liberté des femmes p172
Quand certaines féministes proposent une véritable liberté de la femme p173
Quand certaines féministes entretiennent la société patriarcale p175
Décourager l’allaitement pour promouvoir le travail des femmes ou au contraire lutter pour le droit à l’allaitement au travail ? p176
Egalité hommes/femmes ou illusion d’une égalité de genre ? p178
Quand l’interchangeabilité des sexes nie le droit des enfants p180
Un nouveau féminisme biologique et humaniste p184
Une aventure familiale d’apprentissage de respect des besoins de l’autre p185
Respecter les besoins de l’enfant et ses propres besoins p185
La tétée sollicite notre capacité à donner et à nous adapter p187
Le maternage du thérapeute p188
Pour finir p191
Bibliographie p195
Annexes p204
Remerciements p205
Index p207
Ce que je vous dis de ce livre :
Le titre déjà me plaît : et si effectivement, je pouvais expliquer à tout ce beau monde (psy, médecin, mais aussi entourage…) pourquoi l’allaitement long est bon pour mon enfant, plutôt que de les entendre me resservir leurs sempiternels “mais il a besoin de grandir, c’est malsain un enfant grand qui tète…”
Voici donc un livre sur les bienfaits de l’allaitement long qui tord le cou aux idées reçues, aux préjugés ; un livre qui explique, recherches et études à l’appui, pourquoi il est dommage d’induire un sevrage précoce de l’enfant ; un livre qui va au-delà des tabous de notre société en manque de maternage (pour reprendre les mots de l’auteure).
Bref, un livre que toute maman allaitante, ou future maman devrait lire (mais aussi les papas et tous les professionnels de la petite enfance!!).
Ecrit par Agnès Vigouroux, une psychologue et maman de 2 enfants, cet ouvrage recadre les choses et redonne confiance en nos capacités de femme à allaiter nos p’tits bouts, à écouter notre cœur plutôt que les injonctions culturelles et familiales.
Même si certains passages demandent à être relus plusieurs fois à cause du jargon “psy” (bah, oui c’est son métier, donc forcément il y a quelques déformations professionnelles…) c’est accessible à tous et surtout c’est vraiment un livre indispensable !!
A l’heure des laits de vache en poudre , des tétines en plastique, du marché gigantesque de la puériculture, des volontés de séparation précoce du bébé et la mère au nom de l’autonomisation de l’enfant, quelle place laissons-nous vraiment à l’expression des besoins de l’enfant ?
Les chambres de bébés sont toutes prêtes et bien remplies de tout le soit-disant nécessaire, avant l’arrivée de ce petit Être, comme pour lui dire : je t’attends tu es le bienvenu ! Mais pourtant on lui demandera par la suite de ne pas faire trop de vagues et de ne surtout pas exprimer trop haut et trop fort ses besoins les plus fondamentaux de contact, d’attachement, et surtout, surtout de vivre comme un adulte : sans téter et en dormant seul dans sa chambre pendant 12 heures !
Il est encore flou dans la tête de beaucoup de monde, que pour pouvoir se séparer sereinement de sa mère, un enfant a besoin en premier lieu … de s’attacher !!! Et oui l’attachement indispensable à la survie du tout petit fait peur.
Pourquoi ?
Peut-être est-ce à cause du film Tanguy que les parents craignent de voir leur progéniture s’attacher à eux au risque de ne plus pouvoir s’en dépêtrer par la suite…
En tout cas vous trouverez dans ce livre de nombreuses et bonnes raisons de laisser votre enfant s’attacher à vous !! Et vous serez rassurés (si besoin est ) : il saura se détacher de vous… bien plus vite que vous ne l’auriez finalement souhaité !
Lorsqu’on allaite son bébé au-delà de 6 mois, nous sommes confrontés à toute une batterie de questions/remarques du type :
“Tu l’allaites encore ? Mais tu dois être épuisée depuis tout ce temps !”
“Il va être carencé, il a besoin d’autre chose, il faut qu’il mange des purées!”
“Si tu ne le stoppe pas, il ne s’arrêtera jamais tout seul!”
“Il va rester un bébé coller à tes basques toute sa vie !”
“Et à 18 ans, il tètera encore la nuit?”
Voici, entre autre, ce à quoi Agnès Vigouroux répond avec tact.
Vous y lirez également de beaux témoignages de pères qui ont su trouver une place autre que celle du traditionnel “tiers séparateur” de la relation fusionnelle mère-bébé.
L’évocation de la sexualisation de l’image du corps de la femme vient interpeller sur ce paradoxe actuel : pourquoi voir des femmes nues pour vendre le moindre bien matériel est toléré, banalisé même, alors que voir une femme répondre de la manière la plus naturelle qu’il soit aux besoins de son enfant est perçu de façon si dérangeante, au point de les fuir du regard ou même de leur demander de quitter les lieux ?
L’allaitement long est naturel et devrait pouvoir être la norme.
Hélas dans notre société peu de choses sont mise en place pour laisser réellement aux femmes et aux familles, ne serait-ce, qu’un éventuel choix. Combien de femmes auraient aimé prolonger l’allaitement mais n’ont pas eu d’autre choix que d’y renoncer pour retourner au travail (car oui il est quand même assez contraignant et difficile de tirer son lait et les textes de loi ne sont pas suffisamment appliqués), combien de femmes ne “savent” même pas qu’il est envisageable de donner le sein après 3 mois ?!
En se retirant du système marchand, la femme allaitante dérange car elle fait perdre de l’argent aux industriels (laits infantiles mais aussi biberons et tout le nécessaire de nettoyage, tétines..), pire, en assurant une meilleure immunité à son bébé elle fait perdre de l’argent… aux laboratoires pharmaceutiques! Oh!!! La méchante femme !!!!
L’allaitement non réduit par un sevrage entre dans un maternage proximal (encore un gros mot : cela signifie être au plus près des besoins de son bébé, le porter, l’allaiter, répondre à ses demandes dans l’instant quasiment, respecter son rythme et son développement…) qui voit ainsi les bébés respectés, entendus et reconnus qui grandissent en développant confiance en eux, bienveillance…. bref, les graines d’une société plus douce et tolérante.
Qui soutient réellement la femme dans son désir d’allaiter ? Pédiatres, psychologues, professionnels de la petite enfance véhiculent de bonnes valeurs sur l’allaitement … jusqu’à 6 mois… mais au-delà, ce même magnifique allaitement – don de la nature- semble les déranger.
Malgré des textes de loi, la réalité des femmes allaitantes qui travaillent n’est pas des plus aisée.
De plus, trop de discrédits sont jetés sur la manière la plus naturelle de combler son bébé ; l’allaitement long est souvent perçu comme un obstacle à l’autonomisation de l’enfant et même, il est parfois qualifié d’incestueux…
Les femmes qui allaitent sur le long cours se voient souvent questionnées sur leur propre enfance et leurs blessures comme si elles cherchaient inévitablement à réparer des carences affectives, comme si il fallait trouver absolument un quelconque trouble psy derrière une simple volonté de satisfaire au mieux son bébé !
Il est donc grand temps de voir la réalité de ces femmes et de ces enfants allaités pendant des années (comment ça “des années” ? carrément ? ça ne s’arrête donc pas après 6 mois ?!)
Remettons un peu de maternage et de douceur dans les liens parents-enfants car il est urgent d’apaiser la société de ces maux et de sa violence.
Je terminerais en disant que même si j’ai fait le choix d’être une “Hyper-mère”, selon les nouvelles expressions en vogue, même si ce livre a renforcé ma conviction qu’un allaitement long n’a rien de farfelu ou d’excentrique, je dois quand même bien avouer que je restreins cet allaitement au cadre familial.
Avant les 6 mois de mon bébé, allaiter n’importe où ne me posait aucun problème, mais maintenant qu’il a bien grandi, la donne n’est plus la même.
Il ne m’est plus aussi aisé d’allaiter mon enfant lorsque nous passons une journée à l’extérieure (comme pendant les vacances par exemple). J’ai l’impression qu’il me faut désormais me cacher comme si je m’apprêtais à faire une chose répréhensible par la loi. Et lorsque mon p’tit gars réclame à téter (forcément, maintenant qu’il parle on comprend sans équivoque ce qu’il demande), je me sens mal à l’aise face au regard de mes interlocuteurs.
Comme toujours chacun est libre de faire ses propres choix, espérons simplement que ces derniers soient éclairés et non manipulés.
J’espère que ce livre circulera entre de nombreuses mains et offrira de belles heures de lecture avec à la clé, un regard nouveau porté sur ces mamans aux nénés en location longue durée.
Pensez à commenter et à partager cet article pour qu’il puisse “vivre”.
A bientôt
Caroline, un Colibri Imparfait
Bonjour,
j’ai allaité mes 2 enfants, respectivement 3,5 ans et 4 ans, avec un co-allaitement pendant quelques mois… soit 7 ans sans interruption ! C’est ce que j’ai préféré du maternage proximal, tellement simple, tellement évident.
Du coup, je suis toujours surprise lorsque je croise dans la rue ou au détour d’un parc un bébé en poussette à qui on prépare un biberon car il a faim. Je me dis “oh la la, sa maman doit donc toujours penser à emmener avec elle de la poudre, de l’eau et le biberon. Comment elle fait pour ne pas oublier ou être sûre d’en avoir assez ? Quelle source de stress…”
Je suis toujours aussi étonnée d’avoir allaité si longtemps (et très contente). Mais avec le recul, j’aurais voulu avoir des conseils adaptés pour le sevrage d’un enfant. Car autant c’est relativement facile d’imposer un sevrage à un bébé qui ne parle pas et qui n’a pas la force physique d’attraper le sein contre votre gré, autant avec un enfant de 3-4 ans qui exprime clairement (“ça me manque trop la tétée, pourquoi est-ce que on a arrêté ?”) c’est beaucoup plus dur. En fait, je me suis sentie prise au dépourvu : Je croyais que les enfants s’arrêtaient d’eux-même mais c’est moi qui ai imposé le sevrage à chaque fois. Et je l’ai fait d’une façon assez radicale et unilatérale : “maintenant c’est fini, tu es assez grand/e” et la première fois, c’était parce que le grand ne supportait pas partager la tété avec sa sœur et que ça créait des conflits, la seconde, je trouvais que 4 ans c’était assez. Dans les 2 cas, cela a été dur surtout pour eux. Alors que je pensais que de passer de 1 tétée/jour à 0 de tétée ne serait pas si compliqué.
Ce que j’ai remarqué : ce n’est pas parce que votre enfant vient de passer 1 semaine sans tétée (en vacances chez les grand-parents ou autre), qu’il est capable/a envie de s’arrêter complètement. Le retour à la maison après quelques jours sans tétée est évidemment le PIRE moment pour proposer le sevrage. C’est vraiment une fausse bonne idée de choisir ce moment précis où votre enfant a besoin de se reconnecter avec vous.
Je vous souhaite un très long allaitement et de se préparer mieux que moi à sa fin.
Bonjour,
Merci pour ce magnifique témoignage. Effectivement, je ne me suis pas encore posé la question du sevrage pourtant je sais qu’un moment viendra où il faudra que j’y passe car a priori, de ce que j’ai pu lire, certains enfants ne font leur sevrage eux-même que vers 6 ou 7ans (d’autres beaucoup plutôt) ce que je trouve tard quand même.
Comment résister quand on entend son p’tit gars de 2 ans 1/2 lors d’un gros chagrin ou la nuit après un cauchemar qui nous dit : “maman je veux téter pour me calmer” ou encore “je veux téter pour me rendormir”… bah forcément on dit oui.
Et puis quand on sait que parfois une tétée pourrait apaiser une grosse colère et qu’au contraire un refus de téter peut déclencher une guerre suivie de longues négociations on se dit que quand même nos nénés sont “magiques” lol.
Un second bébé va venir agrandi la famille d’ici la fin de l’année donc l’allaitement pour moi, ce n’est pas fini…
En tout cas je prends bonne note de votre conseil et tâcherai de me préparer au mieux à cette étape sensible du sevrage.